L’Afrique, la France et le patrimoine volé: quel bilan 5 ans apres la promesse de ouaga?


Des œuvres d'art béninoises exposées au Musée du quai Branly — Jacques Chirac, à Paris.


 Le 28 novembre 2017, la France d’Emmanuel Macron s’est engagé à l’université Ouaga 1 Joseph Kiserbo devant le président Kaboré, à restituer le patrimoine Africain dans une durée de 5 ans. Le président français avait commandé de ce fait , en 2018, un rapport sur la question  à Felwine Sarr et à Benedicte Savoy afin de dégager les pistes envisageables. 5 ans après cette initiative que pouvons nous retenir des actions que la France à poser pour restituer le patrimoine africain? 



Un premier pas vers la restitution 


La restitution des 26 pièces du trésor de Béhanzin provenant du pillage du palais d'Abomey en 1892, le 9 novembre 2021, a constitué un départ dans la réalisation de la promesse de Macron. Les Béninois ont reçu avec fierté une partie de leur patrimoine culturel.  Une loi votée en fin 2020 au parlement français a rendu possible la restitution au Benin permettant la dérogation au principe d'inaliénation des œuvres d'art dans les collections d'œuvres publiques. Depuis lors, cette restitution est la seule que nous pouvons noter entre 2017 et 2023. Cette même dérogatoire sur les œuvres a autorisé au Sénégal  de récupérer la pleine propriété du sabre d'Elhadji Omar Tall, figure militaire et religieuse ouest africaine du XIX éme siècle, farouche opposant des colons. Le sabre ainsi que son fourreau ont déjà été exposés à Dakar une longue durée mais il est toujours détenu par le Musée de l'armée à Paris.

Le processus suit toujours son cours, la France à remise en dépôt à Madagascar une couronne en métal doré et velours qui appartenait à la reine malgache Ranavalona III figure de la résistance face à la  colonisation durant son règne(1883-1897).

Les ivoiriens ont quant à eux demandé officiellement à la France en fin 2018, la restitution de 148 œuvres. Parmi ces œuvres d'art figure le Djidji Ayokwe, célèbre tambour parleur du peuple d'Ebrié réclamé de longue date. Cet outil de communication confisqué par le colon en 1916 est conservé au Musée  quai de Branly à Paris. D'autres pays comme le Mali, l'Ethiopie et le Tchad réclament aussi des œuvres d'art à la France. Mais aucun acte n'a encore été posé dans ce sens. La ministre de la culture Française Rima Abdoul Malak a annoncé dans un entretien avec le Monde que des lois cadre en rapport avec la restitution sera de mise en 2023. Parmi ces lois figure une en rapport avec la restitution d'œuvres d'art en Afrique. Cette loi devrait permettre de modifier le code du patrimoine et autoriser le cas échéant, la sortie d'un ou de plusieurs objets des collections nationaux.


Rendre  à l'Afrique les objets d'art qui lui appartiennent, une doléances qui ne date pas d'aujourd'hui!

 

La question de la restitution des œuvres d’art africain en Afrique est au centre des relations entre la France et ses anciennes colonies depuis quelques années. Déjà en 1970 juste après l’indépendance, Amadou Makhtar Mbow directeur général de l’UNESCO d’alors et Ekpo Eyo directeur des Musées du Nigeria avaient soulevé la question du retour des œuvres d’art, patrimoine culturel de l’Afrique ,volé par l’occident et exposé dans les musées européens. Cette demande a été vivement rejetée par les acteurs des musées Français évoquant le principe du non aliénation des œuvres publiques. Plus de 50 ans après la question est encore soulevé. Les africains sont plus que jamais engagé pour récupérer la quasi-totalité de leurs œuvres d’art (entre 85 et 95% selon les experts) des mains des anciens colonisateurs. Pas moins de 90 000 œuvres d'art appartenant à l'Afrique se trouvent dans le sol Français dont 70 000 au musée Quai Branly et les 20 000 repartis dans les autres musées. Plus de 40 000 de ces œuvres sont acquis dans les collections françaises à partir de la colonisation entre 1885 et 1960 selon le rapport sur la restitution du patrimoine culturel. Avec l'arrivée d'Emmanuel Macron à la tête de la France marque un tournant décisif sur cette question puisqu'il a mis la restitution du patrimoine africain au cœur de sa politique étrangère envers l'Afrique.  

 

Le rapport  Sarr-Savoy

 Le rapport sur la restitution du patrimoine culturel. Vers une nouvelle éthique relationnelle, marque un pas concret vers une restitution. Selon ce rapport de Sarr et Savoy, la restitution  de ces œuvres d'art  par la France s’inscrit dans le cadre de la réparation , du rééquilibrage, de la géographie culturelle mondiale et pose un nouveau départ  bâti sur des relations futurs plus équitables. Restituer le patrimoine permet aux jeunes africains d’avoir accès à leur propre culture car ils ont « le droit au patrimoine » ou encore «  le droit à tout le patrimoine ». Au terme du rapport, Felwine et Benedicte propose une restitution définitive du patrimoine africain .Cela avait soulevé beaucoup de contestation. Les critiques sur ce rapport fusent de partout, provenant du continent africain par les africains et du continent européens par les acteurs des musées français. Les interrogations sont pratiquement les mêmes. Est ce que le continent africain à les moyens de gérer cette immense patrimoine?  la législation française avec la principe de non aliénation ne poserait-elle pas un frein à la restitution de " tout" le patrimoine africain? 

Les autres pays européens sur les pas de la France!

 Les autres pays européens qui ont dans leurs musées une part du patrimoine culturel africain ont suivi cette initiative de la France à se lancer dans un processus de restitution des œuvres d'art africain. C’est à l’instance de la Belgique avec une promesse de  restitution d’œuvres d’art  de la RDC qui ont été volé sous le règne de Leopold II entre 1885 et 1908. Le royaume Uni, l’Ecosse et l’Allemagne se sont aussi engagés pour restituer des œuvres apprenant au nigérians.



Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Des statistiques présentées par une ONG internationale sur la gestion des menstrues, l’hygiène menstruelle des filles et le pourcentage de toilettes séparées dans les écoles au Sénégal examinées

Payar ou le centre géographique du Sénégal

La semaine internationale des archives: le point sur la question au Sénégal